Il faut que le débat, qui commence par une "motion", soit de préférence provocateur et serve de prétexte à adresser les objections des sceptiques. Le débat devient alors une opportunité de clarification, et comme je l'introduis de façon "ludique", personne ne se sent vraiment attaqué : mieux, si le sujet / la motion sont bien choisis, les deux équipes ressortent victorieuses par la qualité et légitimité des arguments : on peut être "pour" avec de bonnes raisons, "contre" avec de bonnes raisons - mais c'est le public qui en bénéficie et se trouve très stimulé (vous verrez).
D'ailleurs, pour rappel, sans être forcément politicien, le débat autour de l'industrie du futur est sociétal et passionne les gens - j'ai retrouvé un article dans lequel le secrétaire d'État à l'industrie rappelait ceci :
"Si j’en crois les derniers sondages, près des trois quarts des Français considèrent que l’industrie devrait faire partie des débats de la présidentielle."
Article :
"L’industrie du futur remet l’industrie dans le débat de société", se félicite le secrétaire d'Etat à l'Industrie
Je propose un sujet très provocateur (exprimé en quelque sorte, par une Cassandre sceptique) qui servira d'alibi idéal à travailler un message constructif :
"L'industrie du futur en France : un concept incantatoire et tardif, surexploité par le politique, alors que les nouveaux champions pérennisés par le numérique se partagent déjà l'essentiel des profits"
Manière de confirmer une urgence dans l'adoption du numérique auquel les industries ne sont pas supposées échapper, mais qu'elle tardent à valider. Opportunité pour l'équipe "POUR LA MOTION" d'exprimer à voix haute les apparentes "bonnes raisons" d'un relatif status quo dans un tout un tas d'industries retardataire dans leur transformation (insister notamment sur la rareté des compétences, la complexité du sujet, la critique des offres gadgets etc.
Alors que de l'autre côté on peut rappeler que "l'industrie de la Musique à compris que les plateformes, les consommateurs, leur expérience, et les modèles "à la demande" étaient les piliers d'une nouvelle économie dont elle s'est mise en dehors toute seule, et cherche à revenir dans le jeu." (Frédéric Charles pour Green SI sur ZDnet le 29/11/16)
... et qu'en substance, l'industrie risque elle aussi de souffrir si elle tarde trop à laisser passer les opportunités d'innovation apportées par le digital.
L'industrie du futur n'est encore qu'un label pour les champions et autres géants mais ne suffira pas en soi, à relancer l'outil de production qui, sur notre territoire, traverse une crise profonde.
L'industrie du futur n'est jamais qu'une nouvelle façon d'attirer notre attention sur la nécessaire transformation numérique de l'outil de production : une annonce, une promesse tout au plus, pour attirer ls investisseurs
Il s'agit d'un label ne suffit pas à laisser émerger de nouveaux champions : ce n'est pas la transformation numérique de l'appareil de production, c'est une incantation en faveur du rattrapage de notre retard face aux technologies qui ont déjà transformé des pans entiers du secteur industriel, et pérennisé des acteurs qui se partagent déjà l'essentiel des profits.
Bon vous le voyez, mon sujet est très provocateur, j'exagère sûrement à vos yeux parce que je suis habitué de ces joutes et que je sais que, non seulement elles nécessitent de taper fort pour passionner le public en terme de challenge, mais qu'elles se terminent toujours bien.
Toutefois, il est important d'écarter cette piste s'il vous semble compliqué de la tenir : l'essentiel est d'avoir un sujet que vous pouvez vous approprier.
Il faut juste éviter qu'il ne soit perçu que comme un alibi rhétorique bisounours.
Le sujet de débat doit être crédible et dire à voix haute ce que les sceptiques n'osent pas dire en public : il faut se donner une occasion de leur répondre et d'adresser leurs objections.